
Anciennement dénommées SSII, les ESN (Entreprises de Services du Numérique) disposent de collaborateurs qu’elles mettent à disposition de leurs clients soit dans le cadre de projets au forfait soit en délégation de personnelle (le consultant de l’ESN travaille sur le projet de son client dans ses locaux au milieu de ses équipes internes).
Ces entreprises ont parfois mauvaise presse auprès de leurs collaborateurs qui n’ont pas toujours leur mot à dire sur la mission sur laquelle ils sont affectés. Ceux qui sont déçus du système ont tendance à se tourner de plus en plus vers le freelancing. Concrètement le quotidien ne change pas, mais l’expert informatique à en contrepartie de son autonomie nouvellement acquise la responsabilité de trouver lui-même ses missions et toutes les contraintes liées au statut de freelance (difficulté à obtenir un prêt bancaire, démarches administratives, complexité fiscale, etc).
Dans les faits les entreprises en recherche de prestataires qui pourraient être clientes de ces freelances ne le sont pas pour des raisons juridiques (risque de requalification en CDI) et parce qu’elles possèdent généralement des contrats de référencement (sorte d’exclusivité) avec des ESN afin d’obtenir des remises financières sur le volume de prestations réalisées. Bien souvent les freelances (appelés consultants indépendants ou « indep ») se retrouvent à devoir contractualiser avec les ESN qu’ils ont quitté, elles font appel à eux lorsqu’elles ne parviennent pas à trouver le consultant idéal parmi leur « pool » de salariés qui ne sont pas déjà en missions.
L’ubérisation des ESN par les ESNI
Fort de ce constat, certaines ESN se sont spécialisées dans le staffing de consultant indépendant et sont devenues des ESNI (Entreprises de Services du Numérique Innovante). Adieu les salariés, une ESNI n’envoient que des consultants indépendants en mission chez ses clients en faisant office de guichet unique pour la facturation, les suivis de mission et les discussions avec les services achats.
En prenant une commission moindre qu’une ESN traditionnelle, elles fédèrent des communautés de freelances en recherche de missions en régie (chez le client) et font le matching entre les besoins des clients et ses consultants indépendants. Tout le monde s’y retrouve, les freelances accèdent désormais à des clients plus intéressants tout en fixant leur tarif journalier et les clients peuvent désormais référencer des indépendants, généralement plus expérimentés que les salariés des ESN, pour leurs besoins en interne.
LeHibou, 1ère ESNI de France, dispose également d’une plateforme web (www.lehibou.com) sur laquelle les consultants disposent d’une fiche profil avec CV, notations des anciens clients et disponibilité en tant réel du candidat. Avec 10 000 consultants inscrits seulement 2 ans après sa création, la société est référencée dans les plus grandes entreprises de France et trouve des missions pour sa communauté.
Avec un nombre de plus en plus important de freelance (7.5% des consultants informatiques en 2016), l’émergence du portage salarial (+20% par an) et l’abaissement du niveau de compétence moyen du salarié en ESN d’années en années, les ESNI disposent d’un avenir radieux. Est-ce le début de la fin du secteur de la prestation de service traditionnel ?